C’est quelque chose d’universel, un jour ou l’autre nous sommes tous et toutes confronté·es à la perte d’un proche. Et quand une personne disparaît, c’est un raz de marée. Une énorme vague qui s’élève au- dessus de la tête qu’il va falloir traverser. Alors si vous venez de perdre quelqu’un et que le sujet est encore trop sensible, passez votre chemin pour aujourd’hui…
Au-delà de la peine et du choc, pour ceux·elles qui restent, il y a une multitude de choses à faire.
Et même lorsqu’une personne a tout prévu, il faut que quelqu’un s’occupe de toutes les choses tangibles. Des couverts de la cuisine jusqu’aux chaussettes du tiroir de la commode.

Dans mon activité de home organiser, il n’est pas rare de tomber sur des meubles ou des objets ayant appartenu à des personnes décédées. Dans ces cas-là, il y a généralement deux types de place pour ses objets. Soit ils sont utilisés et chéris bien en évidence ou dans un joli contenant, soit ils sont relégués quelque part où l’on pense qu’ils ne perturberont pas notre quotidien. Mais même au fond de la cave ou dans un garde-meubles, ces objets sont bien là dans un coin de la tête et à long terme, pourraient devenir un poids. Un jour ou l’autre il faudra s’en occuper.

Trouver son temps pour faire le tri

Tout comme le processus de deuil, s’occuper des affaires d’un proche décédé demande du temps.
Un temps pour être capable de s’y atteler et un autre pour concrètement faire le tri. C’est une étape difficile mais nécessaire (voir l’article L’importance du tri ).

Il y a maintenant 20 ans, lorsque ma mère est brutalement décédée un jour de novembre, il a fallu me confronter à différentes épreuves. À 18 ans on ne s’imagine pas devoir s’occuper d’un enterrement, des papiers, des souvenirs et de la détresse des autres. Dans mon malheur, j’ai eu cette chance d’être entourée par une famille soudée et des ami·es solides qui ont chacun fait leur part. Ce n’est pas forcément le cas de tout le monde malheureusement.
Aujourd’hui je suis heureuse d’avoir sélectionné et conservé toutes les choses qui représentent et me rappellent ma mère. Des bijoux, un pull ample, des lettres, des photos, un miroir, un sac à main, son lit d’adolescente (que ma grand-mère avait gardé) et une jolie commode vintage.


Il n’y a pas de règle mais, en l’écrivant, je me rends compte que ce n’est pas énorme en termes de quantité. Bien sûr, il s’est écoulé vingt années et je mentirai si je disais que je suis parvenue à trier la totalité de ses affaires en un seul temps. Mais une chose est sûre, je ne voulais garder que le meilleur. Étant sensible à l’encombrement, pas question de « m’alourdir » de meubles ou d’objets juste parce qu’ils lui appartenaient. Pas question pour moi non plus de vivre dans une sorte de sanctuaire où tout me rappellerait son absence.
Mais chacun est différent et tout le monde ne se sépare pas facilement des choses après la mort de quelqu’un. Parfois, les affaires d’une personne décédée provoque même des tensions au sein d’une famille. Dans un tel contexte, on marche sur des œufs dès qu’il s’agit du défunt.

Si aujourd’hui ou demain vous vous retrouvez face aux biens personnels de quelqu’un de proche et que vous ne savez pas comment y faire face, je vous invite à procéder par étape.

Quand le moment du tri est venu

Chaque succession étant différente, je ne vais pas pouvoir prendre en compte la multitude de contextes. Mais j’espère que cet article pourra vous donner quelques pistes sur les questions à se poser et comment s’y prendre au moment du tri.

Faire un état des lieux

Débarrasser un logement, dans cette situation, demande du courage, du temps et des moyens.
Avant de vous lancer, prenez un moment pour noter tout ce qui vous passe par la tête. Cela permettra d’y voir plus clair sur ce qui vous attend. Rédiger des listes pourra certainement vous aider:

  • inventaire des catégories d’objets et de tous les gros meubles (en vue de pouvoir éventuellement le partager avec d’autres membres de la famille et se mettre d’accord sur qui récupère quoi?),
  • liste des personnes, associations ou professionnels pouvant récupérer des meubles ou des objets,
  • liste des choses que vous pouvez vendre,
  • liste des possibilités de vente (vide grenier/maison, sites spécialisés, brocante, enchères etc),
  • liste des lieux où stocker les affaires (chez vous, chez des membres de la famille, au garde meubles etc).

Je vous conseille de créer un groupe (WhatsApp ou autre) avec vos proches. Vous pourrez ainsi communiquer facilement, partager vos questions, vos solutions et vos émotions. Vous pourrez à tout moment, consulter tous les membres du groupe pour prendre des décisions équitables (qui garde quoi ? Qui s’occupe de quoi ? Etc).

Établir un plan simple pour le tri

Une fois que l’on est décidé à s’y mettre, il est tentant de commencer quelque part sans trop réfléchir, en vue de terminer au plus vite. Je vous encourage vraiment à ne pas partir à l’aveuglette, sans avoir un minimum élaborer un plan d’action. Trier, surtout dans ces conditions, va certainement vous prendre plus de temps et d’énergie que ce que vous imaginez. Ne prenez pas le risque, en vous précipitant, de vous épuiser à la tâche avec l’impression de ne pas avancer. Épargnez-vous cela en vous préparant psychologiquement et de manière pragmatique.

Nul besoin de vous faire des nœuds dans la tête et vous compliquer la vie:

  • fixer-vous des objectifs clairs
  • procédez par pièce ou par catégorie d’objets
  • terminer chaque étape avant d’en commencer une autre
  • demander de l’aide à vos proches

Se concentrer sur chaque étape permettra de ne pas s’éparpiller et d’avancer efficacement petit à petit.

Les principaux freins pendant le tri

Le jour du tri est arrivé et vous avez fait au mieux pour vous y préparer. Il est fort probable que ce jour- là, vous soyez un peu submergé·e par la tâche, surtout si vous êtes un peu bousculé·e par le temps. C’est tout à fait normal. Se confronter aux effets personnels d’un proche disparu peut être vécu comme une épreuve. Les principaux freins que vous risquez de rencontrer sont:

  • le trop plein d’émotions:
    vous pourriez vous émouvoir d’un rien, être bousculé·e par le simple fait de tenir sa tasse préférée. Chaque objet pourrait vous évoquer un souvenir et vous envahir d’émotions négatives. C’est pour cela qu’il est préférable de ne pas vous y mettre seul·e.
  • le sentiment d’être investi d’une mission trop grande pour vous:
    Est-ce que je vais faire les bons choix ? Suis-je la bonne personne pour décider quoi garder, à qui donner ? Comment être sûr·e de ne pas regretter ?
    Autant de questions qui vont vous faire douter de votre capacité à vous occuper du tri et surtout à honorer la mémoire du défunt.
  • le timing:
    Nous avons tous des emplois du temps chargés. Il sera tentant de remettre toujours à plus tard ou de tout conserver dans un box de stockage pour finalement ne jamais revenir ouvrir les cartons…

Mon conseil: accueillez vos émotions et vos peurs, elles ne sont pas vos ennemies. Prendre conscience de vos freins vous aidera à les dépasser.
Gardez en tête que, même s’il est difficile, le tri sera bénéfique. Quand vous aurez dépassé cette étape vous vous sentirez allégé·e.
Vous séparer d’une partie des affaires de votre proche ne va pas trahir votre relation. Au contraire, symboliquement vous ferez de la place, dans votre psychisme, à une nouvelle façon d’investir cette relation.

Comment s’y prendre pour trier?

Photos souvenirs
Lisa Fotios – Pexels

Vous devrez prendre une décision pour chaque catégorie d’objets qui passera entre vos mains. Idéalement, commencez par les choses moins chargées émotionnellement pour terminer le tri par les objets qui représentent le plus la personne disparue.
Classez chaque objet dans une de ces 4 catégories:

  • Les objets à jeter/à recycler:

Tout ce qui est en mauvais état ne pouvant être vendu ou donné. Il faudra prévoir un voyage vers la déchetterie la plus proche.
Pour le recyclage, renseignez-vous sur les consignes de tri de la ville.

  • Les objets à donner:

Tous les objets ou meubles pouvant être utiles à d’autres personnes: amis, famille élargie, associations, applications de dons (Geev.com) etc.
Se renseigner auprès des associations, certaines se déplacent (gratuitement ou non) pour récupérer directement les dons (Croix Rouge, Emmaüs, Ressourcerie etc).
Donner vous permettra de vous sentir utile et facilitera la séparation avec les objets.

  • Les objets à vendre:

Plusieurs solutions s’offrent à vous en fonction du temps que vous avez à y consacrer:

– sites spécialisés (Leboncoin, Vinted, Rakuten (livres) etc)
– réseaux sociaux
– vide-grenier, vide-maison, foire à tout, brocantes
– vente aux enchères

  • les objets à garder:

Selon votre état d’esprit et l’espace dont vous disposez, vous aurez parfois du mal à vous résoudre à ne pas garder certaines choses. Essayez de visualiser où ces objets pourraient prendre place chez vous. Votre espace est précieux, il devrait être rempli de ce qui vous met en joie.

Et si vous êtes vraiment trop dans l’hésitation, autorisez-vous tout de même des solutions de stockage en attendant de vous sentir mieux préparer à vous en séparer ou non. Allez-y à votre rythme.

💡 Astuce: si un objet n’a pas sa place chez vous mais que vous avez du mal à vous en séparer, prenez-le en photo. Vous aurez une trace qui pourrait vous aider à vous séparer en douceur.

Vous pouvez également faire appel aux services d’un·e home organiser pour vous aider à trier et vous organiser. Une personne extérieure, qui ne vous jugera pas et vous accompagnera avec bienveillance dans cette difficile épreuve, peut être une solution.

Les meilleurs souvenirs sont en vous

Garder le meilleur. Mettre du sens dans ce que vous déciderez de conserver. Choisir, sélectionner avec soin ce que vous voulez près de vous. En privilégiant la qualité à la quantité vous vous appropriez votre relation future avec l’absence de votre proche. Pour apprendre à vivre sans, sans vous accrochez à du tangible qui pourrait vous peser.
Le plus important, ce sont les souvenirs, les valeurs et les petits bouts de cette personne qui vous auront aidé·e à vous construire. Le plus important, ce ne sont pas les objets.

Charlotte, bel et bien rangé